Gustav Klimt, « voyeur de la vie, amant de la femme et serviteur d’Éros », artiste non communicatif, parlait peu et vivait retiré. Ses œuvres expriment un « érotisme de l’art ». Son thème exclusif est la femme. Il la saisit, nue, somptueusement parée, en mouvement, assise, debout, couchée, dans toutes les positions et dans toutes les attitudes… Invitant au « voyeurisme » il installe une certaine complicité avec le spectateur, notamment dans Les Serpents d’Eau II (Wasserschlangen II, en autrichien), huile sur toile de 80 x 145 cm, réalisée de 1904 à 1907.
L’œuvre confisquée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale a été donnée à un réalisateur nazi dénommé Ucickiy. Après sa mort, sa femme le présente chez Sotheby’s en 2012. Considéré comme un tableau volé, la somme de la vente est partagée entre les véritables héritiers du tableau et Ursula Ucickiy. Acheté 112 millions de dollars par un certain Yves Bouvier… puis revendu en 2013 à Dmitry Rybolovlev pour 183,3 millions de dollars !
“Les Ondines filent sous l’eau, silencieuses et rapides. Elles se déplacent toujours en bancs, se frôlent dans les courants où elles emmêlent leurs chevelures fleuries. Elles aiment frotter leurs ventres nus dans la vase ou faire semblant d’avaler un petit poisson. Le sentir battre de la queue et des nageoires contre leur palais les ravit au plus haut point.”…
“On les appelle aussi les Serpentines ou les Serpents d’eau dans les légendes qu’on invente à leur sujet car nul marin n’est jamais revenu de leur monde.” (Momina, décembre 2003)
L’expression des visages de ces femmes, la lascivité de l’une, la souffrance de l’autre, l’évasion sur un reflet de miroir et la plénitude montrent comment Klimt exprime à travers cette œuvre ses visions de la femme. Contrairement aux impressionnistes, ce n’est pas le spectacle de la nature qui l’intéresse, mais la représentation particulière, spécifique et incarnée. Dans ses œuvres aquatiques, l’ensemble femme et nature créent un rythme continu et indéfini donnant l’impression de matière infinie.